Photographie de rue

Sur cette page :
Définition et histoire de la "street photography"
Droit à l'image quels risques en France ?
Conseils et techniques pour photographier dans la rue

Visitez le portfolio des photographies de rue à Paris

 
Une photographie spontanée en lieu public
La photographie de rue ou street photography est un style de photographie né dans les années 30. Avec les pellicules argentiques en rouleau et les premiers appareils compacts la photo instantanée se démocratise et la photo de rue prend toute son ampleur après-guerre.

Elle regroupe :
- La photo humaniste, en focus sur l'instant : foules, moments d’intimité, le quotidien,…

- Les paysages urbains ou les textures, la signalétique, les reflets, etc. 
Ainsi, une photo "de la rue" est une "photo de rue", une photo à la plage peut l'être aussi. 

C’est dans la photo humaniste et spontanée que l'on retrouve les pionniers de la street photography. Pour ne citer qu'eux :
Bernard Pierre Wolff, Brassaï, Bruce Davidson, Bruce Gilden, Christer Strömholm, Cristina García Rodero, Daido Moriyama, Édouard Boubat, Erich Hartmann, Eugène Atget, Garry Winogrand, Helen Levitt, Henri Cartier-Bresson, Henry Wessel Jr., Inge Morath, Joel Meyerowitz, John Thomson, Lee Friedlander, Leonard Freed, Lisette Model, Louis Stettner, Martin Parr, Mark Cohen, Paul Strand, Raymond Depardon, Richard Kalvar, Robert Doisneau, Robert Frank, Sabine Weiss, Saul Leiter, Sergio Larrain, Tony Ray-Jones, Vivian Maier, Walker Evans, William Eugene Smith, William Klein, Willy Ronis ! 

 

Street photo cartier Bresson derrière la gare St Lazare
"Derrière la gare St-Lazare"
Henri Cartier Bresson


Pour Cartier Bresson, c'est mettre en ligne, la tête, l'oeil, le coeur et saisir l'instant décisif. Mais pour tous, le but reste le même ; la street photo cherche avant tout à faire passer un regard sur la société au travers de prises de vue banales, à documenter, à raconter une petite part d'Histoire. En quelque sorte, la petite cousine timide du photojournalisme. Pour les puristes il y'a du débat sur les mises en scène de Doisneau (le baiser de l'hôtel de ville, la leçon de bicyclette,..) qui, étant fabriquées avec acteurs, seraient hors-jeu.

Le droit à l'image et photo de rue ?
Rien ne vous interdit de photographier, pas de diffuser !

En France, (et beaucoup d'autres pays) à l'exception des images de foule, vous n'avez pas le droit de diffuser les photos d'un individu sans son accord. Mais rien ne vous interdit de photographier des gens dans les lieux publics. Les espaces privés (jardin, métro, voiture, musée,... ) restent interdits. Hé oui, à Paris les lieux de la RATP reste un espace privé.

Le droit à l’image découle de l’article 9 du Code civil. « Chacun a droit au respect de sa vie privée. »

Cf. La Cour de cassation « toute personne dispose sur son image, partie intégrante de sa personnalité, d’un droit exclusif qui lui permet de s’opposer à sa reproduction ». Le droit à l’image réside sur l’autorisation de la personne concernée. L’utilisation de l’image d’une personne nécessite son autorisation expresse et spéciale. Sans cette autorisation, il est en principe interdit d’utiliser cette image.

Légalement vous pouvez photographier n'importe qui sans consentement dans la rue, mais pour utiliser la photo en média ou l'exploiter commercialement il vous faut une autorisation écrite du sujet et des ayant-droits pour les créations et lieux privés.

Les oeuvres, certains monuments ou création d'éclairages (La tour Eiffel) sont également assujettis à un droit d'auteur. En effet, le droit à l’image d’une œuvre appartient à son auteur. Il peut donc s’opposer à la photo prise de son œuvre.

Juridiquement, sans accord du sujet photographié, la liberté d'expression artistique est-elle plus importante que le droit à l'image ?

La diffusion des images de foules, d'actualité, restent autorisées mais le reste est néant. Qu'en est-il réellement face à la punition potentielle de "45 000 euros et deux années de prison".

Les éclairages de la Tour Eiffel sont sous copyright, et l'image du monument de nuit est pourtant diffusée en masse.
Si la démarche est artistique (avant d'être mercantile), non dégradante pour la personne photographiée, les rares jugements montrent à penser que oui. En bref : site de photographies, Instagram d'auteur, tirage sur papier, etc. le risque juridique est nul.

Causer un divorce avec couverture en presse people, exploiter commercialement une photo de lieux privés ou créations protégées sans accord, ... pourraient en revanche occuper vos avocats. Pour un usage commercial, il est facile d'obtenir une très grande majorité d'autorisations signées avec un peu de temps.

C'est une question de bon sens, si quelq'un vous demande de supprimer sa photo respectez son désir.

Pratiquer la street photography ?
Devenir le Lucky-Luke du déclenchement "furtif" et "positif" !
 
Attitude
Le premier conseil c'est d'acheter de bonnes chaussures, ensuite apprendre à ne pas s'en servir pour "se poser". Enfin, c'est une question d'attitude : pour photographier dans la rue soyez "furtif" et "positif" !

Furtif, par vos vêtements, votre gestuelle et votre comportement : la photo de rue est plus simple si le sujet ne capte pas le photographe. Libre à vous de choisir un look hyper flashy, ce sera juste un peu plus compliqué. Restez naturel : soyez comme Lucky-Luke, ouvert aux autres, décontracté et rapide au tir. 

Positif, par votre attitude : vous respectez et êtes en empathie avec votre sujet. Si quand vous photographiez quelqu'un vous avez l'impression de violer son intimité, la personne le remarquera et se sentira agressée. Si vous ne vous cachez pas (furtif) et déclenchez tout en souriant, les 5% qui vous verront vous répondront par un sourire.

Réglages
Les règlages sont en place  pour la luminosité ambiante, car le timing est crucial :

J'utilise un grand angle 24 mm et un 85 mm. 
- Le grand angle avec une ouverture du diaphragme au milieu  (F11) la mise au point à 1.30 m et la vitesse à 1/125 s.
Ainsi, l'objectif est au meilleur de sa qualité optique et la photographie sera nette de 80 cm à l'infini ; ce qui évite l'étape "focus de mise au point" avant de déclencher.
- Le 85 mm, idem F8 au millieu pour l'optique, je l'utilise en portrait serré ou gros plans, la netteté et le flou sont parfaits avec une mise au point sur le regard.
Plus rare, en photo de rue, il me sert à "écraser" la profondeur et les perspectives de l'image.

J'adapte en jouant sur les Iso, la vitesse et la profondeur selon la lumière et le sujet. Par commodité, je règle souvent la sensibilité de l'exposition (Iso) sur "automatique" ; le bouton alors indispensable : la mesure d'exposition. A l'approche du sujet,  "spoter" une zone (foncé/moyen/clair) selon le rendu souhaité ; à proximité, cadrer et déclencher. (Cf. Lucky-Luke).

Techniques
La "street photography" est une chasse où la plupart des tirs sont ratés.

 

street photography Paris


1) à l'approche
C'est sans doute la plus difficile mais la plus prenante, il vous suffit de marcher et d'observer, guetter ou anticiper l'instant qui pourrait se produire afin d'être assez rapide pour le saisir quand il est là. Souvent vous rentrerez bredouille, mais quand des instants rares ou des scènes de vie expressives se produisent ... En moins d'une seconde, choisissez l'angle et tirez ! 


2) à l'affut
Vous avez repéré un paysage urbain particulièrement graphique, une affiche qui se prêterait à... Votre composition est prête ; il ne vous reste plus qu'à attendre le(s) personnage(s) en phase avec votre contexte. C'est sans doute plus facile mais avec un inconvénient notoire pour le photographe de rue pratiquant l'instantané : il faut du temps et de la patience, surtout de la chance. 


3) à courre
C'est cette fois le personnage qui fait l'action : que ce soit des jambes fuselées ou la "touche" improbable d'un passant ; vous avez repéré votre sujet il faut alors le suivre ou s'approcher pour le bon angle dans l'espoir d'un moment "qui raconte". 


Enfin, comme pour la chasse, il vous faudra aussi gérer la frustration de revenir avec une besace vide. Les instants "décisifs" ne se commandent pas ; et si vous en croisez, rien ne garantit de l'attraper. Quand je me fais griller, j'ai mes petites phrases clefs où, à la question : "vous m'avez pris en photo ?", je réponds par la question "êtes-vous assez beau ?". Pour obtenir un portrait, il faut le temps de nouer une complicité. Elle peut être instantanée ou l'objet de plusieurs rencontres.

Personae et trucs en vrac : (utilisés ou rencontrés)

Franco : Voir le sujet, s'approcher en souriant, cadrer déclencher, repartir tout en souriant...

Embusqué : Posez-vous à proximité du sujet (téléphone, pause cigarette, lacets...) faites-vous oublier, un quart de tour + shoot du sujet, reprise de la pause cigarette...

Frénétique : le boitier sur l'oeil, cadrage à droite, un cadrage à gauche, un cadrage ailleurs, cadre + shoot du sujet, un cadrage à droite,...

Tireur : En marche, l'appareil à hauteur de l'épaule, doigt sur le déclencheur, à proximité du sujet en 1/4 de seconde "cadre + shoot", continuer la marche, ..

Distrait : Voir le sujet approcher, poser le cadre, détourner tête et regard mais pas le boitier (éventuellement sur pied), shoot au bon moment,... 

Direct :  je prends la photo, dans ta face, au flash

Acteur : Touriste jusqu'au guide de Paris à la main

Aveugle : Le boitier sur le ventre ou à bout de bras, ou la tête baissée vers le boitier et son écran. (Pas fan car approximatif et potentiellement conflictuel, maintenant les conditions s'oublient reste la photo)